La propagande israélienne a du mal à cacher l’ignoble brutalité de son armée d’occupation, même quand cette dernière, se sachant filmée, essaie de se montrer sous un jour sympathique.
Témoin l’affaire de la jeune Palestinienne Ahed Tamimi, 16 ans, dont une vidéo la montrant en train d’affronter des soldats sans que ceux-ci réagissent a fait le tour du monde.
Ces images ont été tournées par un résident du petit village de Nabi Saleh, près de Ramallah, dont les habitants, famille Tamimi en tête, protestent tous les vendredis contre le vol de leurs terres et de leur source d’eau par la colonie juive voisine de Halamish. On estime qu’à Nabi Saleh, plus de 300 des 600 habitants ont été blessés par l’armée israélienne depuis le début de la décennie.
Ce vendredi encore, et les médias occidentaux ont jusqu’à présent gardé le silence là-dessus, un adolescent de 14 ans, Mohammed Tamimi, lui-même apparenté à Ahed, a été très grièvement blessé par un tir israélien en pleine tête.
Non pas un tir de « balle en caoutchouc », comme l’écrivent mensongèrement de nombreux médias, mais de balle en acier recouverte de caoutchouc. Il s’agit là d’une munition dite de « maintien de l’ordre » dont l’emploi est interdit en Israël, mais qui est largement utilisée contre les populations palestiniennes de Cisjordanie, et qui a déjà fait au moins 20 morts, majoritairement des enfants.


(Mohammed Tamimi, 14 ans, à l’hôpital de Ramallah)
La balle a fracassé la mâchoire de Mohammed et pénétré son crâne, provoquant une hémorragie interne. Conduit à l’hôpital à Ramallah, le garçon a subi une opération chirurgicale pendant plus de 6 heures, avant d’être plongé dans un coma artificiel pour une durée de 72 heures.
C’est immédiatement après le tir sur Mohammed, alors que celui-ci baignait dans son sang et que l’ambulance n’avait pas encore été autorisée à l’évacuer par l’armée d’occupation, qu’Ahed et une amie, bientôt rejointes par deux femmes plus âgées, ont apostrophé les soldats de manière virulente.
Se sachant filmés, ce qui est le cas de chacune des « sorties » d’Ahed, devenue au fil des ans une icône de la résistance de la jeunesse palestinienne, les soldats n’ont pas bougé.
Et quand la vidéo est devenue virale, le commandant de leur unité a cru dans un premier temps pouvoir utiliser la séquence pour vanter « la grande humanité » de ses troupes, « armée la plus morale du mode », etc.
Mal lui en a pris ! En regardant la séquence à la télévision, des centaines d’Israéliens se sont déchaînés contre les « mauviettes » en uniforme, même pas capables de punir ces sales femmes arabes comme elles le méritent.
« Elor Azaria (le soldat qui a exécuté un Palestinien gisant à terre, à Hébron, il y a deux ans, NDLR) nous manque », dit un internaute. « Les soldats auraient du violer ces femmes avec le canon de leurs fusils », renchérit un autre, tandis que le ministre Naftali Bennett réclame « la perpétuité, au minimum », pour la jeune palestinienne.


(Ahed Tamimi, lors d’une précédente manifestation à Nabi Saleh)
C’est dans ces conditions que le gouvernement, quatre jours après les faits, a décidé d’arrêter Ahed ainsi que sa mère Narriman, dans la nuit de lundi à mardi, de la même manière que des dizaines d’autres Palestiniens victimes des raids nocturnes de l’armée d’occupation. Au passage, la soldatesque a saccagé la maison des Tamimi, volant ordinateurs, téléphones et caméras. La routine, en somme. Mais pour l’opération de charme imaginée par « Tsahal », c’est raté. (AJOUT mercredi matin : Nour Tamimi, cousine de Ahed, la deuxième adolescente de la vidéo, a été enlevée à son tour par l’armée d’occupation dans la nuit de mardi à mercredi)
CAPJPO-EuroPalestine