Friday, September 11, 2015

France - Les paysans et paysannes ont raison de se révolter - Drapeau Rouge


Les paysans et paysannes ont raison de se révolter
Depuis 70 ans, le nombre de paysans est passé de 6,5 millions à 500 000.

La tendance dans l'agriculture est à la concentration : l'objectif est de créer des fermes de mille vaches, des porcheries de plus en plus grandes, des exploitations qui seront la propriété de très grands éleveurs, des banques de crédit, des fabricants de matériel agricole, de semences pour l'alimentation animale. C'est ce que veulent les magnats de l'agro-alimentaire. Les normes sont établies à Bruxelles et s'imposent à tous les États quel que soit le gouvernement. Ces normes visent à éliminer deux tiers des paysans à terme pour n'avoir que des gros. Chez les petits, le travail est parfois de 70 heures à perte.

Depuis quelques mois, les paysans ont mené plus de 500 actions et manifestations. Le 3 septembre dernier, ils étaient plus de 5 000 venus de toute la France à Paris sur 350 tracteurs et par cars et se sont rassemblés place de la Nation. Leur revendication principale était la garantie du prix leur permettant de survivre et la révision des normes imposées par l'Union européenne. Le gouvernement n'a fait que de vagues promesses, rien pour garantir la survie de dizaines de milliers d'éleveurs et d'agriculteurs par le juste prix de leur travail.

Beulin, président de la FNSEA, grand propriétaire terrien, éleveur, « industrialiste » de l'agriculture, cumulard et grand copain des grands patrons est pour l'agriculture de type ferme de mille vaches, qui annonce l'élimination de dizaines de milliers d'éleveurs. Il ne représente que les intérêts des gros, pas celui des petits et moyens paysans. Il est allé à l’Élisée discuter avec le gouvernement, n'a obtenu que de vagues promesses, un gel d'impôt et de cotisations à reporter dans un an, mais rien sur le prix de la viande ou du lait. Il a été hué par la majorité des manifestants.

Les directions syndicales qui n'avaient bien sûr prévu aucun défilé dans Paris après le rassemblement, ont alors appelé à rejoindre les cars. Quelques centaines de manifestants, dont un nombre important de jeunes agriculteurs criant « Tous ensemble ! », ont décidé de marcher symboliquement sur la Bastille dont l'accès leur a été barré par un cordon de gardes mobiles.

Beulin, furieux d'avoir été hué par une grande partie de la base des syndicats, a dénoncé les siffleurs, en disant que c'étaient des infiltrés d'autres syndicats paysans, d'anarchistes et révolutionnaires, insultant la juste révolte des paysans qui ne se font plus d'illusions sur les promesses des gouvernements quels qu'ils soient ni sur le rôle tenu par cet infâme personnage.

La concentration se poursuit dans l'agriculture au profit des plus gros et au détriment des petits et moyens paysans. La concurrence fait rage au sein de l'Europe, étant donné les différences de concentration, mais aussi les normes dictatoriales imposées par la commission européenne de Bruxelles, normes qui sont un des éléments de la paupérisation. Cette paupérisation est liée à la crise générale du capitalisme. Les paysans d'Europe s'opposent tous ensemble à la politique de Bruxelles. La contestation de la politique de conciliation des directions syndicales avec le gouvernement est une bonne chose, car cette conciliation ne peut qu'aboutir qu'à l'élimination d'une grande partie des petits et moyens paysans et à la concentration de l'agriculture par une poignée.

La domination du capital financier sur l'agriculture et la distribution fait que la production agricole telle qu'elle est aujourd'hui est largement critiquable. Sous le capitalisme, un modèle d'une agriculture paysanne, respectueuse à la fois des producteurs et productrices que de la nature, est irréalisable à grande échelle sans mettre à bas le système même qui produit les aberrations dans la production. Toutefois, il est juste que de nombreuses expériences avancent dans ce domaine car ça fait partie de la reprise en main du contrôle de la production autant que faire se peut. Et nombre d'expériences sont à faire connaître et à soutenir.

Dans un certain nombre de zones rurales, les petits commerçants et artisans menacées par la désertification apportent leur solidarité, car eux aussi ont à subir la concentration du commerce par la grande distribution et nombre d'entre eux et elles ont été éliminés.

Tout le long de leur parcours et à leur arrivée à Paris, les paysans ont reçu la sympathie de la population qui comprend leur combat pour survivre, car une grande partie est confrontée dans les usines, sur leur lieu de travail à cette concentration à travers les restructurations dont on connaît les conséquences (licenciements, chômage, augmentation des cadences et de la pression, etc.).

Aussi, la lutte pour la survie des uns et des autres est légitime.

Contre le système capitaliste qui ne rapporte à la majorité des paysans et paysannes que des dettes pour salaires et aux travailleurs et travailleuses que le chômage et l'exploitation, on ne le dira jamais assez « On a raison de se révolter 

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